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FICHE CANON SURVIVANT (# 1172)
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France

Mortier de 280 mm TR Mle 1914 Schneider sur affût chenillé St Chamond

Artillerie grande puissance

Contributeur :
Ferdinand (Flickr) Hejl     
     
     
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Lieu :
Allemagne
Dresden
Militärhistorisches Museum der Bundeswehr
Coordonnées : Lat : 51.07830 / Long : 13.76070
Commentaires généraux sur le canon survivant :
Le canon de 280 mm a été retrouvé enterré à l'extérieur de Hanovre vers 2004. La plupart des canons de 280 mm ont été détruits par leurs équipages lors de l'invasion allemande de la France en 1940. Il en restait si peu qu'ils ne semblent pas avoir été utilisés par la Wehrmacht.


Pièces identiques sur le lieu : 1
Pièces décrites sur cette fiche : 1


Informations historiques et techniques
Dénomination :     280 TR sur affût chenilles St Chamond Origine :       ( Schneider)             ( Saint Chamond )          

Contexte historique de la pièce :

La collaboration des Etablissements Schneider avec l'industriel Russe Putilov, croissante depuis le début du XXe siècle, avait donné à cette firme talentueuse un accès privilégié et lucratif aux besoins en artillerie moderne de cet immense Empire. C'est donc naturellement vers elle que l'Etat-Major Russe se tourna en 1909 pour se doter d'un obusier moderne de siège de 11 pouces (279.4 mm), calibre qui avait fait ses preuves en 1904 contre les fortifications de Port Arthur lors de la guerre Russo-Japonaise avec un obusier Krupp de 280 mm employé par les Japonais.

Le défi fut relevé par Schneider qui présenta aux essais menés en 1912 sur une île du Dniepr (où des fortifications avaient été construites pour la cause) un 'Mortier de 11 pouces (279.4 mm) TR' ('TR' = Tir Rapide'). Ces essais également appelés 'expériences d'Otchakoff' et auxquels assistaient de nombreuses nations, marquèrent une étape importante pour l'artillerie de siège et la fortification du début du siècle puisqui'ils démontrèrent à la fois la vulnérabilité des fortifications classiques en béton non armé face à ces calibres mais aussi l'inefficacité de cette pièce lourde pour la destructions de blindages modernes en béton armé.

Quoiqu'il en soit la Russie commanda 16 pièces de ce type à Schneider qui avait entretemps présenté à la France une version au calibre métrique de 280 mm lors d'essais en 1913. Devant l'imminence du conflit l'Armée Française commanda 18 mortiers de ce type en novembre 1913. Mais au début du conflit, seules les pièces destinées à la Russie étaient en cours de fabrication. Les deux gouvernements s'entendirent pour partager équitablement les matériels et c'est ainsi que 8 obusiers de 279.4 mm furent livrés à l'armée Française à partir de février 1916 sous l'appellation trompeuse de 'Mortier de 280 mm TR Mle 1914 Schneider' tandis que 8 pièces similaires étaient livrées à la Russie. Ce calibre non métrique fut conservé pour les commandes suivantes des deux pays.

Le tube du mortier de 280 mm était équipé d'une culasse à volet de type Schneider, et était placé dans un berceau tout aussi typique des fabrications de la société. Le berceau était relié au tube par l'intermédiaire du système de récupération de recul composé de deux freins hydrauliques placés de part et d'autre d'un récupérateur central. Le berceau était relié au châssis par deux tourillons à suspension, et le châssis posé sur une lourde plateforme par l'intermédiare d'un pivot antérieur. La plateforme comportait une ouverture pour une fosse centrale afin de permettre le recul du tube lors les tirs à forte élévation, d'un chariot de chargement du lourd obus de plus de 200 kg (le pointage du tube devant être ramené à un angle de 10 degrés pour l'opération) et d'une potence de manutention des munitions. Celles-ci devaient être approvisionnées par une section de voie étroite de 60 cm.

L'emploi des mortiers de 280 mm Schneider à Verdun contre le fort de Douamont ne fit que confirmer l'inefficacité de l'artillerie lourde contre les ouvrages modernes en béton renforcé, ce qui se savait déjà depuis les expériences d'Otchakoff de 1912. Malgré ce constat et en dépit d'un manque important de mobilité (16 tonnes en batterie, transport en 4 charges distinctes) et la longue mise en batterie (16 heures sur terrain moyen), cette pièce impressionante, moderne, puissante et précise, dotée d'une portée satisfaisante de plus de 10 km, était un atout de l'Armée Française dans la guerre de position.

165 exemplaires avaient été livrés à la France en novembre 1918 (et 26 à la Russie). Une version automotrice ('Mortier de 280 TR sur affût à Chenilles Saint-Chamond') était en construction à raison de 25 exemplaires lorsque l'armistice mit fin au conflit. Ils ne seront livrés qu'à partir de l'été 1919. Ils avaient été développés sur les mêmes bases que le fameux 'Canon automoteur de 194 GPF sur affut chenille St Chamond'

En 1940, l'armée Française alignait 109 mortiers de 280 mm Schneider sur plate forme et 26 automoteurs. Les 75 pièces capturées par la Wehrmacht furent utilisées sur le front de l'Est sous l'appellation '28 cm Mrs 601 (f)', faisant face aux 25 pièces encore alignées par l'Union Soviétique en juin 1941.

Caractéristiques techniques :

  • Descriptif complet : Mortier de 280 mm tir rapide Mle 1914 Schneider sur affût chenillé St Chamond
  • Année du design : 1914 - 1918
  • Calibre : 279.40 mm (11 pouces)
  • Poids en position de tir : 29 000 kg (affût à chenilles tracté seul, en batterie)
  • Poids à tracter : 55 000 kg avec avant-train à chenilles autotracté 26 000 kg
  • Longueur tube en calibres : 12.00 (longueur totale) - partie rayée seulement : 9.46 calibres
  • Nombre de rayures : 88 pas constant 8 degrés 55 minutes, à droite
  • Poids du projectile : 205 kg / 203 kg / 275 kg selon l'obus
  • Vitesse initiale : 178 m/s à 418 m/s selon la charge propulsive
  • Cadence de tir : 1 coups / minute
  • Portee : 10950 m
  • Pointage en hauteur : +0 à +60 degrés
  • Pointage en direction : 360 degrés (rotation affût chenillé)


Sources
  • Les Canons de la Victoire, 5ème édition du Manuel d'Artillerie Lourde, revue et considérablement augmentée           Colonel Alvin       Commandant André             Henri Charles-Lavauzelle et Cie   1923  
  • Les canons de la Victoire 1914-1918 - Tome I - L'Artillerie de campagne       Pierre Touzin       François Vauvillier             Histoire et Collection   2006  
  • Les Materiels de l'Armee Francaise 1940 (Tome 2)       Stéphane Ferrard                   Charles Lavauzelle   1984