D'AUTRES TEMOINS POUR ALLER PLUS LOIN...

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Qu'il s'agisse d'écrits de témoins directs ou de romanciers s'efforçant de décrire au mieux cette époque sombre, de nombreux auteurs de célébrité et de talent très variable ont consacré leur plume à la Grande Guerre. Promenez-vous parmi les bouquinistes des quais de Seine à Paris, fouinez dans les brocantes ou dans les nombreux "Villages du Livre", explorez les magasins spécialisés de livres anciens, ou encore allez consulter mes liens vers des sites internet spécialisés dans la vente de ce genre d'articles : un foisonnement d'ouvrages, des milliers de choix, une jungle... Comment s'y retrouver ? Bien entendu les conseils ci-après sont très personnels. Les livres que je vous recommande sont parmi ceux que je possède... ou que je recherche.

'Verdun' de Péricard
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"Verdun", de Péricard : du témoignage à l'état pur...

Verdun (Péricard 1934 - Edition 1934) Commençons par le formidable 'VERDUN' de Péricard, publié chez Durassié en 1934. Adjudant au 95 RI pendant le conflit (et témoin très contesté - auteur du célèbre cri 'Debout les morts' pris un peu trop au premier degré par ses détracteurs), Péricard a réalisé ici un travail de fourmi en donnant la parole à une multitude de combattants français ayant combattu entre 1914 et 1918 sur ce fameux champ de bataille (englobant les Hauts de Meuse). C'est donc une chronologie jour par jour, parfois heure par heure, des combats, truffée de centaines de témoignages d'acteurs de différentes armes et différents grades, et émaillées de cartes de secteur détaillées et de photos parfois morbides. Indispensable pour qui veut revivre cette période en ce lieu maudit.
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Quelques bibliographies

Une aide appréciable dans la recherche de bons ouvrages de témoins peut être trouvée dans le référencement des bibliographies d'ouvrages sérieux et reconnus sur la Grande Guerre. Avant de nous lancer dans mes recommandations, voici par exemple quelques livres qui peuvent guider vos acquisitions :


Témoins (Jean Norton Cru 1929 - réédition) Véritable aubaine pour l'historien, cet ouvrage fait un état des lieux très exhaustif et méticuleux des carnets de route, souvenirs, romans, ... publiés avant sa sortie en 1929. Il déclencha une grande polémique qui n'est d'ailleurs pas tout à fait éteinte de nos jours encore. En effet, Jean Norton Cru, ancien combattant et citoyen américain, défend dans 'Témoins' une thèse très orthodoxe sur le témoignage. A cette aune, si les Genevoix, Delvert et Pézard ou autre Lintier (voir ci-dessous) passent haut la main son exigeante épreuve, tous ceux qui ont voulu forcer le trait pour condamner la guerre ainsi que les écrivains au souci artistique sont catalogués 'mauvais témoins' au même titre que les véritables faussaires ou les propagandistes. Que vous soyez d'accord ou non avec cette position très dogmatique (voir aussi sur ma page "Les grands noms de la littérature") ne vous empêchera pas de consulter cet ouvrage pour sa très riche bibliographie.
Vie et Mort des Français (Ducasse / Meyer / Perreux - édition illustrée limitée) Nous reparlerons de cet ouvrage REMARQUABLE écrit par 3 normaliens anciens combattants, (Ducasse - Meyer - Perreux) parrainés par Maurice Genevoix, dans la section 'Livres d'Histoire'. Parmi les nombreux mérites de 'Vie et Mort des Français 1914-1918' se trouve une bibliographie très riche et variée. Celle-ci est digne du ton général du livre, et s'ouvre à tous les genres, au contraire des attitudes rigides de Norton Cru. On trouve assez aisément ce livre chez les bouquinistes, sous l'une de ses éditions. Chaudement recommandé !
La Première Guerre Mondiale (Larousse) Encore un ouvrage (en 2 tomes) dont la préface est signée Maurice Genevoix - gage de qualité - et dont nous reparlerons dans la rubrique 'Livres d'Histoire' de ce site. Cette 'Encyclopédie Larousse de la Première Guerre Mondiale', compilée par le Général J.E. Valluy se trouve encore aisément et a su choisir le bon niveau de synthèse. La bibliographie de cette étude est particulièrement complète, et bien équilibrée entre témoignages et études historiques
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Des témoins et leurs oeuvres

Et maintenant quelques auteurs, la plupart cités dans les ouvrages ci-dessus, dont la lecture vous apportera je l'espère de la satisfaction... Par souci d'économie de bande passante, je n'ai scanné qu'une couverture par auteur, même lorsque je possède les autres ouvrages que je cite dans le texte.

Commençons par des témoins et romanciers français

La Percée (Jean Bernier 1920 - Ed. 2000)
Dans ce roman très autobiographique, Jean Bernier décrit avec justesse (recommandé par Norton Cru - c'est dire...) et grand talent littéraire les angoisses du fantassin français, malheureux et désespéré au front, incompris et révolté en permission. Les descriptions de combat correspondent aux vaines et sanglantes offensives de 1915, terrible année pendant laquelle le haut commandement français sacrifia tant de jeunes vies à la recherche de cette fameuse "Percée" (1920)... Le style superbe, très moderne, fut peu apprécié à l'époque, et ce livre passa quasiment inaperçu. Le lire, c'est accepter une véritable séance d'hypnose et en émereger glacé d'effroi et pénétré de phrases hallucinantes... Allez retrouver quelques-unes de ces superbes phrases dans ma section "citations"
Les Suppliciés (Naegelen 1927 - Ed. 1929)
Livre remarquable, si l'on excepte quelques débordements romanesques de l'auteur, René Naegelen, du 172 R.I. Ici mieux que chez d'autres on prend le rythme réel des biffins des unités d'infanterie, entre la terreur des champs de bataille (quelle plume pour décrire le chaos de Verdun, la batterie de Damloup et le Tunnel de Tavannes) et les repos compensateurs aux arrières du front ou en permission. Dans "Les Suppliciés" (1927), la vie est faite d'une alternance d'attentes et de longueurs, du risque mortel et sans visage des obus, et de carnage innommable et dégradant en première ligne.
Carnets d'un Fantassin (Charles Delvert 1916 -Ed. 1935)
Le capitaine Charles Delvert est un véritable héros; le combat auquel il a participé avec ses hommes aux alentours du fort de Vaux, en pleine bataille de Verdun est l'un de ceux qui ont forgé l'Histoire. Il raconte dans ses "Carnets d'un Fantassin" (1916) cet épisode, ainsi que la vie des tranchées sur la Main de Massiges. Mais Charles Delvert est un héros modeste et un officier très humain, ainsi qu'un observateur précis et objectif. Un très bon livre, donc.
Le Fleur au Fusil (Jean Galtier-Boissière 1928 - Ed. 1928)
Jean Galtier Boissière fut un auteur prolifique : créateur du célèbre (et encore vivant) journal "Le Crapouillot" en 1915, à l'origine journal de tranchées, il rédigea superbement ses mémoires de fantassin en guerre dans les volumes "Un Hiver à Souchez" (1917), "La Fleur au Fusil" (1928), et "Loin de la Riflette" (1932). Rédacteur en chef d'un livre intitulé "La Grande Guerre", édité en 1959 et qui relate de manière plutôt corrosive le conflit, en appuyant fortement sur la prospérité des industriels des deux camps...
La Biffe (Jacques Meyer 1928 - Ed. 1928)
Jacques Meyer, par ailleurs co-rédacteur du très excellent ouvrage "Vie et Mort des Français 1914-1918" (voir livres d'histoire), est un étudiant normalien devenu Lieutenant d'Infanterie au 329 RI. Ses livres de mémoires de guerre, "La Biffe" (1928) et "La Guerre, Mon Vieux..." (1932), relatent avec beaucoup d'humanité la misère de la vie de soldat qu'il partagea avec ses hommes, et les actions militaires auxquelles il prit part. Dans une étude plus moderne intitulée "La Vie Quotidienne des Soldats de la Grande Guerre" (1966), il s'intéresse plus généralement aux heurs et malheurs du poilu français
Nous Autres à Vauquois (André Pézard 1918  - Ed. 2001)
"Nous autres à Vauquois" (1918) est sans contexte l'un des meilleurs témoignages de ce conflit. Le lieutenant André Pézard a vécu l'effroyable Guerre des mines qui a substitué au village de Vauquois, en Argonne, une longue cicatrice de profonds cratères qui fend la célèbre butte en deux et que l'on visite aujourd'hui avec effarement et recueillement mélés. Il parle dans ce très bel ouvrage avec beaucoup de justesse de ce qu'il a vu, et on ne peut que frémir avec lui, tant il nous fait vivre son expérience.
Avec les Zouaves (Louis Botti 1922 - Ed. 1922)
Un des rares ouvrages relatant les souvenirs d'un soldat des troupes d'élite qu'étaient les zouaves, recrutés en France métropolitaine malgré leurs tenues orientales. Lieutenant Mitrailleur, Louis Botti raconte dans "Avec les Zouaves" (1922) sa campagne des premiers jours d'août 1914 à septembre 1916, en passant de l'Artois aux Flandres et à Verdun (cote 304), jusqu'à la Somme où il sera blessé puis réformé.
Paroles d'un Revenant (Jacques d'Arnoux 1925 - Ed. 1925)
Officier d'infanterie combattant, Jacques d'Arnoux obtient sa mutation dans l'Armée de l'Air. Il est abattu dans le no man's land du Chemin des Dames, et, grièvement blessé, ramené dans les lignes françaises par des zouaves. La partie de son livre "Paroles d'un Revenant" (1925) consacrée à sa lente et douloureuse guérison est imprégnée de mysticisme religieux dans lequel l'auteur puisa sa force de survie.
Verdun et le Chemin des Dames (Georges Gaudy 1922/1923 - Ed. 1986)
Georges Gaudy a écrit plusieurs livres, dont quatre sont autobiographiques ("Les Trous d'Obus de Verdun", "Le Chemin des Dames en Feu", "L'Agonie du Mont Renaud", et "Le Drame à Saconin et l'Epopée sur l'Ingon"). Ce sont de très bons témoignages, les passages décrivant le croisement des troupes de relève, angoissées, avec les unités descendantes, fourbues et hagardes, sonnent vrai. Une édition récente ("Verdun et le Chemin des Dames : Deux Gouffres de Feu") regroupe 2 de ces volumes, mais dans une version résumée. C'est bien dommage. Un quatrième ouvrage, "Les Galons Noirs" est consacré aux aumoniers enrégimentés.
La Randonnée de Samba Diouf  (J. & J. Tharaud 1922 - Ed. 1922)
Samba Diouf est un jeune africain quittant son village pour rejoindre la ville pour une cause anodine. Arrivé sur place, il est enrôlé dans l'armée française, transporté en Europe, entraîné au métier de soldat et engagé dans les combats meutriers. Blessé, il rejoint son village après cette "Randonnée de Samba Diouf" (1922). L'histoire racontée par Jérome et Jean Tharaud, auteurs littéraires avant guerre, faisant suite à un autre roman de guerre "Une Relève" (1919), est celle de beaucoup de tirailleurs sénégalais qui ont dû vivre cette guerre avec cet oeil halluciné, comme un mauvais rève dont on peut revenir avec un membre estropié, ou dont on ne revient pas du tout...
Les Mémoires d'un Rat (Pierre Chaîne 1917 - Edition 1930)
Ferdinand, rat de tranchée de son état, s'attache à un poilu et rédige après guerre ses pensées. Petite merveille d'humour respectueuse du côté dramatique de l'histoire racontée, ce livre "Les Mémoires d'un Rat" (1917), ainsi que sa suite "Les Commentaires de Ferdinand" (1918) est en fait une enluminure pour les mémoires de guerre de l'auteur, Pierre Chaîne. Dernièrement réédité.
La Guerre, Madame (Géraldy 1918 - Edition 1919)
"La Guerre, Madame" (1918) se concentre essentiellement sur l'incompréhension entre les civils de la ville et le poilu au cours de ses permissions. La belle écriture rapproche Paul Géraldy de Bernier (La Percée), mais avec une profondeur de récit légèrement moins importante. Peu importe : un extrait particulièrement évocateur enrichit ma page de citation ("Des mots..."). L'édition que je possède est illustrée de dessins à la plume très réalistes.
Carnets d'un Combattant (Paul Tuffrau 1917 - réédition 1999)
Officier au 246e R.I. dès le début de la guerre, Paul Tuffrau finit la guerre comme chef de bataillon au 208e R.I., et enfin 'Kreisdirector' à SarreLouis en novembre 1918. Il publia ses notes sous le pseudonyme "Lieutenant E.R." pendant la guerre dans "Le Journal". Leur ton réaliste dénotait avec l'héroïsme ambiant qui régnait dans la presse, ce qui assura son succès tant auprès des combattants que des civils. Ces notes, complétées jusqu'en 1919, forment la base des "Carnets d'un Combattant"
Les Carnets de Louis Barthas, Tonnelier (Louis Barthas 1927 - Ed. 1997)
Réédités il y a peu, les "Carnets de Louis Barthas, Tonnelier, 1914-1918" étaient semble-t-il l'un des livres préférés de François Mitterand. Ce paysan entraîné dans la guerre décrit les péripéties du conflit dans lequel il n'a jamais tué personne. Pacifiste sans être antimilitariste, Barthas fait preuve de beaucoup d'humanisme. Par ses yeux d'homme mur (35 ans en 1914) ouvrier agricole (originaire de l'Aude), il a décrit avec précision et émotion tout ce qu'il a vécu de 1914 à 1918.
Ma Pièce (Paul Lintier 1916 - Ed. 1917)
Paul Lintier a interrompu ses études d'avocat pour s'engager en 1913 au 44e Régiment d'Artillerie. C'est comme servant de pièce de 75 qu'il connaît le début du conflit, participant aux premiers combats (Ethe, l'Ourcq). Après avoir participé aux actions sur le Lingekopf et l'Hartmannwillerskopf, il vit l'offensive de Champagne de septembre 1915. Lintier est tué le 15 mars 1916 dans un secteur tranquille de Meurthe et Moselle. Son journal, publié en deux tomes,"Ma Pièce" (1914) et "Le Tube 1233" (1915-1916), fut édité en pleine guerre, quelques mois après sa mort. C'est un chef d'oeuvre de sentiments humains, et certain n'hésiterons pas à affirmer, comme Norton Cru qui l'encense : "s'il eût survécu, il aurait été un des plus brillants dans la génération littéraire de l'après-guerre".
Un Groupe de 75  (Gaston Top 1919 - Ed. 1919)
Médecin dans un régiment d'artillerie de campagne (27e R.A.C.), Gaston Top fut un des rares représentant de sa profession à remplir les critères de 'bon témoin' du très intransigeant Norton Cru, aux côtés de son confrère belge Max Deauville. Son journal, "Un Groupe de 75 - Journal d'un Médecin Aide Major du 27 RAC" (1919), couvre la période du 1er août 1914 à mai 1915. C'est un témoignage sincère, sans effet sensationnel. L'auteur, qui fut affecté à l'arrière dès 1916, fut malheureusement contraint de censurer lui-même ses notes sur l'offensive de septembre 1915 en Champagne, sous la pression menaçante de ses supérieurs. C'est nettement moins joliment écrit que les ouvrages de Duhamel, également engagé comme médecin, mais cela sonne plus authentique.
5 de Campagne (Marcel-E. Grancher 1937 - Ed. 1938)
Continuons avec les artilleurs. Celui-ci, M-E Grancher, Médaille Militaire et blessure grave, s'inspire de ses propres souvenirs de guerre pour écrire son "5 de Campagne" (1937), près de vingt ans après le conflit. La moitié du livre relate l'instruction d'un artilleur au 5e Régiment d'Artillerie de Campagne, à Besançon au début 1916. L'unité qu'il rejoint ensuite sur le front belge est imaginaire. L'auteur a voulu utiliser un ton ironique, et le côté 'comique troupier' fait un grand contraste avec les autres livres de cette bibliographie. Mais les souvenirs sont précis, et le témoignage précieux.
En Campagne (Marcel Dupont 1915 - Ed. 1916)
Pour publier ses souvenirs en pleine guerre, et servir de correspondant de guerre au journal "Le Correspondant", Marcel Ernest Béchu, officier de carrière au 7e Chasseurs à Cheval utilisa le pseudonyme de Marcel Dupont. Le premier volume, "En Campagne - Journal d'un Officier de Légère" (1915) couvre la période de 1914 (Flandres, et le second "L'Attente - Journal d'un Officier de Légère" (1918) 1915 à 1917. C'est dans ce second tome que se trouve le chapitre le plus intéressant, sur la bataille de Verdun vécue d'un PC de Division. Le reste de l'oeuvre oscille entre littérature et témoignage, au grand inconfort de Norton Cru.
La Flamme au Poing (Henri Malherbe 1917 - Ed. 1917)
Récompensé par le Prix Goncourt 1917, pour son livre "La Flamme au Poing" (1917), Henri Malherbe, Lieutenant au 43e R.A.C. a en effet écrit une oeuvre qui vaut surtout pour sa qualité littéraire. Cet objectif avoué l'a libéré de tout devoir d'exactitude, et il est vrai que l'oeuvre s'en ressent. Le style a un peu vieilli, et certains élans, tantôt héroïques et tantôt macabres , sentent un peu la poussière. Mais le lyrisme (Malherbe écrira plus tard des critiques musicales) reste agréable, et certains passages sont vraiment beaux..
Bourru, Soldat de Vauquois (Jean des Vignes Rouges 1916 - Ed. 1925)
Officier de carrière au 231e puis 31e R.I., agé de 35 ans en 1914, et de santé déficiente, Jean Taboureau ne connut que 2 mois la vie dans une compagnie de combat. Ses diverses oeuvres, écrites sous le pseudonyme de Jean des Vignes Rouges, s'en ressentent énormément. "Bourru, Soldat de Vauquois" (1916), "L'Ame des Chefs" (1917), "André Rieu, Officier de France" (1917) et "Sous le Brassard d'Etat-Major" (1919) valent d'être feuilletés pour comprendre en quoi ce genre de propagande était méprisée par les vrais poilus, qui savaient, eux, que la guerre n'est pas "fraîche et jolie". Le premier volume est à lire en parallèle du fantastique "Nous autres à Vauquois" pour le contraste.
Douaumont - 24 octobre 1916 (Gaston Gras 1929- Ed. 1949)
Le sergent Gaston Gras est incorporé dans le redoutable "RICM", le "Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc", unité d'élite dont le drapeau fut le plus décoré du conflit. Sa première expérience du feu fut la reprise du Fort de Douaumont par son régiment en octobre 1916. Son livre "Douaumont - 24 octobre 1916" (1929) relate cette seule mais fameuse action. D'autres ouvrages, plus rares, lui permirent de rédiger d'autres souvenirs, dont "La Malmaison - 23 octobre 1917", qui relate l'engagement de cette même unité dans l'offensive du même nom au Chemin des Dames, préparée par le Maréchal Pétain pour regonfler le moral des troupes après le fiasco d'avril.
Les Suppliciés (Naegelen - Edition)
Adapté au cinéma il y a peu de temps par Bertrand Tavernier, "Capitaine Conan" de Roger Vercel fournissait le prétexte à une morale sur la violence de la guerre, et la transformation des hommes en bêtes sauvages. Ce thême a été exploré un demi siècle plus tard à plusieurs reprises au sujet de la Gurre du Vietnam. La seconde caractéristique de ce livre réside dans le théatre d'opérations qui lui sert de trame, puisque l'on suit les aventures de cet officier de corps franc français sur le front des Carpathes.
Dixmude - Un chapitre de l'Histoire par les Fusiliers Marins (C. Le Goffic - Ed. 1915)
Charles Le Goffic n'est pas un témoin direct. Son fils était par contre médecin au 1er régiment de la Brigade des Fusiliers Marins, dont il relate dans "Dixmude" (1915) les combats acharnés et quasi désespérés, aux côtés des restes de l'armée belge, aux portes de cette ville des Flandres. Ecrit en plein conflit, par un non-combattant, il ne faut pas s'étonner du ton héroïque, trop souvent au détriment de la crédibilité. C'est pourtant un livre d'histoire vif, alerte, et précis, pour qui veut comprendre cette action cruciale de 1914.
Le Chemin des Croix (Colonel Campagne 1930 - Ed. 1930)
Chef de bataillon au 107e R.I., le colonel Campagne vécut avec ses hommes les combats de la Marne, la Champagne, la Lorraine, l'Artois, Verdun et la Somme, avant de se voir confier en 1916 le commandement du 78e R.I. qu'il mènera jusqu'à la fin de la guerre sur le front d'Italie. Il raconte cette épopée dans "Le Chemin des Croix" (1930). Son témoignage est exceptionnel car si d'autres chefs d'unité ont écrit leurs souvenirs, peu l'ont fait en parlant si bien et avec tant de respect de ses hommes, qui lui rendirent leur affection.
On se bat sur Terre (Terrier-Santans - Ed. 1930)
Combattant au sein du 77e R.I., l'auteur - Terrier-Santans - décrit la terrible expérience des combats acharnés de la cote 304 en mai 1916, sur le front de Verdun. Malgré le titre "On se bat sur Terre" (1930), qui pourrait laisser supposer d'une certaine compassion, ce témoignage vaut surtout pour la qualité des descriptions des actions militaires et du terrain. Ce pourrait être un journal de marche particulièrement étoffé du régiment. La psychologie des combattants est sommaire, et leur stoïcisme plutôt suspect. Je ne connais pas le grade de l'auteur, mais son livre 'sent' l'état-major de régiment, ou de bataillon.
GQG Secteur 1 - Trois ans au Grand Quartier Général par le Rédacteur du Communiqué - Tome 1 (Jean de Pierrefeu - Ed. 1920)
Sous-officier d'Infanterie blessé en 1915, Jean de Pierrefeu est affecté au Grand Quartier Général jusqu'à la fin du conflit. Il sera le rédacteur du fameux 'Communiqué' officiel quotidien. Ses mémoires en deux tomes "G.Q.G. Secteur 1 - Trois Ans au Grand Quartier Général par le Rédacteur du Communiqué" (1920) sont très précieuses, car il a cotoyé les plus puissants militaires français du moment pendant les moments de crise. Le problème délicat de la rédaction du communiqué est aussi fort intéressant. A également publié une oeuvre importante de réflexion sur la guerre : "Plutarque a Menti" (1923).
Clavel Soldat (Paul Werth - réédition 1993)
Quand Paul Werth, 36 ans, antimilitariste et admirateur de Jaurès est confronté à l'embrasement général de 1914, il ne peut s'empêcher de partir au front comme volontaire, pour défendre son idéal d'homme libre. Ce sentiment sera vite submergé par une vague de dégoût, et de mépris pour le monde qui l'entoure et ses camarades d'infortune. Son roman "Clavel Soldat" (1919) est rigoureusement autobiographique, et décrit avec fidélité son expérience amère. C'est un livre sombre, aggressif, pessimiste, mais c'est un grand livre.
La Guerre 1914-1918, Tragédie-Bouffe (René Arnaud - Ed. 1964)
L'année 1964 vit l'apparition de nombreux ouvrages célébrant le 50eme anniversaire du début du conflit. "La Guerre 1914-1918, Tragédie-Bouffe" fut ainsi écrit par l'ancien capitaine d'infanterie René Arnaud qui profite du recul des années pour raconter ses souvenirs sous un ton parfois grave, mais souvent ironique. Cela peut déranger les puristes, mais c'est au moins original. A noter quun tiers de l'oeuvre est occuppée par une longue annexe résumant l'histoire du conflit.
UnTel, de l'Armée Française (G.T. Franconi - Ed. 1918)
Gabriel-Tristan Franconi débuta la guerre dans l'artillerie, avant de demander en 1915 sa mutation dans l'infanterie. Grièvement blessé en 1916, il rejoignit son régiment en août 1917, et était sous-lieutenant lorsqu'il fut tué le 23 juillet 1918. Son roman "Un Tel, de l'Armée Française" (1918) retrace assez fidèlement son histoire, sous le nom de "Un Tel", mais si le style est harmonieux et travaillé, le ton épique et héroïque dénote des sentiments exprimés par tant de poilus. C'est ce qui fait l'originalité de cette oeuvre.
Un de l'Avant - Carnet de Route d'un Poilu - 9 octobre 1914 - 27 novembre 1917 (Gaston Lefebvre - Ed. 1930)
Jeune adolescent Lillois, Gaston Lefebvre quitte sa famille et fuit l'invasion allemande d'octobre 1914 pour rejoindre l'armée française. A terme de 4 mois d'instruction, il est Incorporé au sein du 73e R.I. en mai 1915. Dans ses souvenirs rédigés après guerre, "Un de l'Avant", il relate cette expérience, ainsi que les furieux et sanglants combats auxquels il prit part : L'Aisne, Berry au Bac, Verdun, la Somme, et la Champagne d'où il fut évacué avec une blessure grave qui lui coûtera l'amputation d'une jambe... Si les envies d'héroisme du début sont vite balayées par l'horreur vécue, le jeune mutilé écrit 10 ans après le récit d'un jeune soldat plein de fougue, et cela sonne juste.
Retour au Front 1934 (Louis Guiral 1934 - Ed. 1934)
Nous reparlons de Louis Guiral dans la page sur les Livres d'Histoire, avec son "Je les Grignote" qui retrace l'offensive de septembre 1915 en Champagne. Mais "Retour au Front 1934" relate ses impressions de pélerin, sur les traces de son calvaire 19 ans après la bataille. Avec une alternance d'observations de l'état du front de Champagne dans les années 30 et de flash-back, Guiral parvient à nous faire comprendre les émotions qu'ont ressentir les anciens combattants de retour sur les lieux de leur vie misérable. Simple et émouvant.
Le Valet de Gloire (J. Jolinon - Réédition 1965)
Roman de guerre à thèse, "Le Valet de Gloire" (1923) permet à son auteur Joseph Jolinon, avocat de 28 ans mobilisé dans l'infanterie en 1914, de mettre en scène l'épisode le plus dramatique de sa guerre. Il fut en effet appelé en mai 1917, en pleine crise des mutineries de l'Armée française après l'échec du Chemin des Dames, à servir comme défenseur au conseil de guerre. Profondément choqué par cette expérience, il articule tout son récit de guerre autour de cette injustice, et c'est donc un réquisitoire particulièrement dur qui se cache sous ce roman.
Verdun (R. Jubert - réédition 1998)
Trois mois de combats à Verdun de mars à mai 1916 au Mort-Homme, voilà ce que raconte l'aspirant Raymond Jubert dans ses souvenirs sobrement intitulés "Verdun" (1918). Le souhait viscéral de ce jeune homme, qui devait mourir au combat à 28 ans en 1917 près de Douaumont, était de conserver intacts ses souvenirs et impressions de guerre, sans les laisser déformer par le bourrage de crâne des journalistes et auteurs 'va-t-en-guerre'. Ces pages sont émouvantes, la souffrance est réelle. Un très beau livre !
Souvenirs du Temps des Morts (A Bridoux - Ed. 1930)
Voici un livre bien singulier. Le jeune zouave André Bridoux, devint officier au 2e Régiment de Zouaves en septembre 1916. Jeune homme érudit, il dit n'avoir pas trouvé dans les livres de guerre une description fidèle de sa propre expérience. Son "Souvenirs du Temps des Morts" (1930) s'attache donc plus à retranscrire ses sensations, à "entreprendre son examen de conscience". Il ne s'agit pas de mémoires chronologiquement ordonnées, mais plutôt de belles réflexions sur différents thèmes. Très beau livre qui complète notre compréhension du poilu.
Au Soir d'un Monde (M. Boasson - Ed. 1926)
Catholique fervent, et amateur d'art érudit, Marc Boasson fit la guerre dans l'infanterie, d'avril 1915 jusqu'à sa mort près du mont Kemmel en avril 1918. Pendant tout ce temps, il écrivit de longues lettres à sa femme, maniant joliment la langue pour lui parler sans l'effrayer de cette terrible expérience. Les extraits les plus et les moins intimes de ces lettres ont été réunies par son épouse dans "Au Soir d'un Monde" (1926). Il faut dépasser le plaisir de lire ce beau texte émaillé de culture et de souvenirs d'avant-guerre pour aller déterrer le 'cri d'angoisse pour qu'on arrête ce massacre' qu'y a bien vu Norton Cru.
Le Sel de la Terre (R. Escholier - Ed. 1924)
"Le Sel de la Terre" (1924) est un roman. Mais le parallèle entre l'auteur Raymond Escholier et le héros (Bussières) est si parfait (59e R.I., parcours militaire le menant de l'état-major aux tranchées, secteurs visités dont l'effroyable cote 304 près de Verdun en avril 1916) qu'il est évident qu'il s'agit en fait de ses mémoires. Le style peut sembler parfois un peu trop travaillé, mais il s'agit d'un grand témoignage, fort émouvant. Le déchirement moral d'un camarade sergent, moine dans la vie civile et redoutable guerrier dans l'action, ou la scène hallucinante du bombardement par des minenwerfer sont inoubliables...
Lettres d'un Officier de Chasseurs Alpins (Ferdinand Belmont 1915 - Ed. 1918)
Sous-Lieutenant de réserve mobilisé au sein du 11e Bataillon de Chasseurs Alpins dès le 3 août 1914, le Docteur Ferdinand Belmont vit dans ce corps d'élite les premiers combats des Vosges, puis de la Somme, des Flandres et de l'Artois. De retour dans les Vosges au début 1915, promu Lieutenant puis Capitaine, il combattra à Metzeral, puis sur le Lingekopf, et enfin au Hartmannswillerkopf où il sera mortellement blessé le 28 décembre 1915. Les "Lettres d'un Officier de Chasseurs Alpins" (1916) reprennent la remarquable correspondance qu'il adressa jusqu'au jour de sa mort à sa famille.
L'Humaniste à la Guerre (Paul Cazin - Ed. 1920)
Humaniste et érudit, éduqué dans une école Cléricale du Diocèse d'Autun, Paul Cazin a déjà 35 ans lorsque la guerre éclate. Il rejoint le 29e R.I. et participe avec lui de mars 1915 à juillet 1915 aux combats de Lorraine et du Saillant de St Mihiel, avant d'être évacué pour maladie. Surnommé "Grand Père" par ses jeunes soldats, ce sergent écrivit de nombreuses lettres enflammées à son épouse, dans lesquelles il raconte très fidèlement ses actes et pensées, dans un joli style émaillé de citations latines ou grecques. Son "Humaniste à la Guerre" mélange ces lettres avec des notes de son carnet.
La Guerre Racontée par les Combattants Tome I  (André Ducasse 1932 - Ed. 1932)
Co-auteur du fameux "Vie et Mort des Français", André Ducasse qui a lui-même vécu la Grande Guerre réunit dans les deux tomes de "La Guerre Racontée par les Combattants" (1932) des extraits d'oeuvres classiques ou moins connues écrites par des témoins du conflit, dans une tentative d' "Anthologie des Ecrivains du Front". Ce sont plus d'une centaine d'écrivains qui sont donc cités, et leur textes regroupés dans des rubriques thématiques homogènes.
Ce que j'ai Appris à la Guerre (Collectif 1927 - Ed. Montaigne 1927)
Parmi les ouvrages consacrés aux témoignages, celui-ci présente une particularité très originale : "Ce que j'ai Appris à la Guerre" (1927) réunit les réponses à une question posée à différents acteurs de tous camps et de tous grades, leur demandant synthétiquement ce que la guerre avait transformé en eux. Textes originaux de Foch, Allenby, Dorgelès, Barbusse, Maurois, Latzko, von Schoenaich, de Montherlant, ...
Paroles de Poilus (Guéno / Laplume 1998  - Ed. 1999)
Huit mille personnes ont répondu à l'appel de Radio France visant à collecter les lettres, jusqu'ici éparpillées, des huit millions de poilus mobilisés entre 1914 et 1918. Quelques dizaines de ces lettres furent sélectionnées, et lues sur antenne. "Paroles de Poilus" (1998) constitue le recueil de ces lettres fort émouvantes par leur simplicité et leur humanité. Un CD désormais classique, vendu séparément, permet d'écouter ces mêmes textes lus par de jeunes hommes du même age.
Ce qui Demeure (Benoist-Méchin - Ed. 1942)
"Ce qui Demeure (1942) - sous-titré "Lettres de Soldats Tombés au Champ d'Honneur 1914-1918" réunit, sous la plume de Benoist-Méchin (qui rédigera aussi une célèbre "Histoire de l'Armée Allemande"), les derniers courriers de 40 soldats tués à la guerre. Parmi beaucoup d'inconnus, nous retrouverons des écrits de Charles Péguy, Alain Fournier, Marc Boasson, ou Ferdinand Belmont. Edité sous l'occupation en 1942.
La Guerre à Vingt Ans (Philippe Barrès - Ed. 1924)
Auguste Barrès, Officier des armées Napoléoniennes, vit ses mémoires éditées par son petit-fils Maurice Barrès. Si celui-ci se rendit célèbre par des écrits ou publications à l'héroisme et au nationalisme tonitruants, son fils, Philippe Barrès, aspirant d'infanterie, signe avec son roman auto-biographique "La Guerre à Vingt Ans" (1924), un livre humain, sobre et juste, apportant entre autres un témoignage sur les mutineries de 1917. Voilà qui ne dut plaire qu'à moitié à son père...
En Casoar et Gants Blancs (Paluel - Marmont - Ed.1928)
Paluel-Marmont est l'un de ces tous jeunes élèves de la célèbre école militaire de Saint-Cyr, à peine formés, qui firent souvent preuve de tant d'héroïsme pendant le conflit. Hélas, l'héroïsme de 1914, c'est aussi pour l'Armée Française le goût du panache, et le serment que ces jeunes officiers prêtèrent de mener leurs troupes au combat "En Casoar et Gants Blancs" (le casoar était le couvre-chef orné de longues plumes blanches propre à cette école d'élite), si aisément repérable par les mausers allemands, les amena à une véritable hécatombe. Inutile ? Exemplaire ? Chacun (dont le Général Gouraud, auteur d'une préface enflammée) se forgera avec ce livre une opinion.
Les Carnets de l'Aspirant Laby (Luc Laby - Ed. 2001)
Jeune étudiant en médecine de 22 ans, Lucien Laby est versé comme aspirant, médecin auxiliaire, au sein de la 56e division d'infanterie de réserve. Après les combats de 1914 il est nommé médecin de bataillon au 294 R.I. et vit dans les postes de secours de première ligne la Champagne en 1915, Verdun puis la Somme en 1916, l'Aisne en 1917. Il termine la guerre un peu plus en sécurité à Belfort, puis en Alsace. Ses "Carnets de l'Aspirant Laby", édités seulement en 2001, et illustrés de sa propre main d'artiste, sont donc un carnet de route exceptionnel par la longueur de la période couverte, et la qualité du témoignage.
Contre le Bourrage de Crâne  (A. Londres - Ed. 1998)
Qui sait que l'un des tous grands reporters du siècle, Albert Londres, a rédigé de nombreux reportages du front, luttant contre la censure (les fameux ciseaux de "Anastasia") qu'il détestait ? Dans ce recueil "Contre le Bourrage de Crâne", des dizaines d'articles couvrant la période de juillet 1917 à décembre 1918 et publiés dans "Le Petit Parisien" nous sont présentés. L'auteur réussit souvent, d'un coup de plume professionnel, à décrire la vie du front en restant sur le fil du rasoir de la censure, navigant entre apologie militaire et aigreur...
Françoise au Calvaire (P. Champion - Ed. 1924)
Avec Pierre Champion, qui fut officier dans l'Infanterie dès mai 1915, c'est de la détresse de l'épouse paysanne dont le mari - son ordonnance - est tué qu'il s'agit. Cette histoire est contée avec finesse et sensibilité dans "Françoise au Calvaire" (1924). Cet auteur fut l'un des rares à déclarer à quel point les paysans avaient payé le plus lourd tribut dans cette hécatombe, et à proner la lecture des lettres et correspondances de soldat pour approcher la vérité vécue.
La Comédie de Charleroi (P. Drieu La Rochelle - Ed. 1934)
Dans "La Comédie de Charleroi" (1934), Pierre Drieu La Rochelle raconte le voyage d'un ancien soldat revenant après guerre à Charleroi sur les lieux où il a combattu et où a été tué son camarade. La mère de celui-ci, en recherche d'image héroïques pour soulager sa peine, l'accompagne dans ce pélérinage. Mensonges pieux, souvenirs de défaite, de panique et de confusion, on est loin des héros de l'Illustration... Il fallait être courageux pour écrire un roman s'appuyant sur une des défaites frabçaises les plus humiliantes de 1914, même en 1934 !
Mes Combats (R. Fonck - Ed. 1920)
Ne parlant finalement dans cette revue des oeuvres de guerre que de témoins des troupes de l'Armée de Terre, je tiens à signaler aussi quelques mémoires ou biographies des héros de l'air. Leur lecture est souvent un peu décevante en comparaison des livres des 'rampants', car si personne ne conteste la brutalité des combats aériens et le terrible taux de pertes, ces 'As' ont été tellement déifiés durant le conflit que leur histoire est souvent contée comme une légende. Parmi ce qu'on peut lire : "Mes Combats" de René Fonck (1920), "La Vie Héroïque de Guynemer" de Henry Bordeaux (1918) ou "Navarre, Sentinelle de Verdun" de Jacques Mortane (1930).
Les Pantalons Rouges (Pierre Miquel 2001 - Ed. 2001)
Je signale cette oeuvre en 4 volumes parceque vous la trouverez sans difficultés en librairie. Mais si Pierre Miquel est un historien célèbre de la grande guerre (voir la section "Livres d'Histoire"), fortement médiatisé et assez injustement décrié par beaucoup de passionés de cette époque, il n'est pas un bon romancier. Dommage, l'idée était bonne de suivre le destin de ces frères embarqués dans le conflit dans des armes différentes au travers des 4 tomes de ces "Enfants de la Patrie" (2001-2002). Malheureusement, on n'y croit pas plus qu'aux aventures extraordinaires de James Bond...
Journal de Guerre 14-18 (Henri Désagneaux - Ed. 1971)
Paru seulement en 1971, après la mort de son auteur, le "Journal de Guerre 14-18" de Henri Désagneaux contient les notes de cet homme mûr, enrôlé en 1914 dans la logistique (chemins de fer), puis intégré au début de 1916 dans l'infanterie comme officier au 359 R.I. Il connaitra avec sa compagnie la Lorraine, l'enfer de Verdun de mai à juillet 1916, la Somme, les Vosges et l'Aisne. L'originalité de cette édition est de mettre en parallèle les écrits simples et directs du carnet avec des extraits de la presse de l'époque relatant les mêmes faits. On comprend d'autant mieux le sentiment de trahison éprouvé par les poilus à la lecture de ces journaux...
Touché ! (Célestin Freinet - Ed. 1996)
Voici un superbe petit ouvrage, consacré aux souffrances d'un jeune lieutenant français de 21 ans, "Touché" au poumon droit dans le Bois des Gobineaux, sur le Chemin des Dames, dès les premières pages du récit. Célestin Freinet, qui raconte ainsi son expérience comme un rêve tragique et douloureux, deviendra ensuite un pédagogue de renom. Il faut lire ces quelques pages car elles savent émouvoir comme aucune autres, et susciter une intense compassion pour cet enfant qui oscille dans les brumes de sa souffrance entre la vie et la mort.
Parmi Tant d'Autres (Chrispohe Malavoy - Ed. 1996)
Acteur Français contemporain, Christophe Malavoy, effectue des recherches et récolte les maigres souvenirs que son grand-père, Lieutenant au 96e R.I. et tué en Champagne au printemps 1915, a laissé. Dans "Parmi Tant d'Autres", il reconstitue avec une immense pudeur et une compassion teintée d'amour familial, la lente agonie d'André Malavoy, qui laisse une femme enceinte. Ce livre est simplement magnifique...
Le Drame du Fort de Vaux (Commandant Raynal - Ed. 1919)
Le Commandant Raynal reçut, en mai-juin 1916, la terrible mission de diriger la défense du Fort de Vaux, à Verdun, contre les furieux assauts allemands. La résistance qu'il organisa, dans l'obscurité, la soif, la pestilence et la terreur des combats souterrains fut telle qu'elle suscita l'admiration des deux camps. C'est cette aventure qu'il raconte lui-même, dans "Le Drame du Fort de Vaux", avec une certaine emphase militaire. Mais qui pourrait conserver intacte sa modestie après un tel fait d'armes ?
Un Long Dimanche de Fiançailles (Sébastien Japrisot - Ed. 1996)
Nombreux sont ceux qui ont vu le film "Un long dimanche de fiançailles", dans lequel Audrey Tatou interprète Mathilde, cette jeune fille qui s'interroge sur le sort de son fiancé, disparu sur les champs de bataille de la Somme en 1917, et le recherche contre le conseil de tous. Belle reconstitution pour les uns, 'Amélie Poulain dans les tranchées' pour les autres, il reste que la qualité du livre de Sébastien Japrisot dont le scénario est tiré est remarquable. Car derrière le beau roman, c'est la polémique sur le sort réservé aux soldats mutilés volontaires qui est abordée.
Dix Mois à Verdun (Abbé Thellier de Poncheville - Ed. 1954)
L'abbé Thellier de Poncheville avait 39 ans lorsque, à la déclaration de guerre, il fut affecté à la 28e division comme aumônier divisionnaire. L'apogée dramatique de son expérience de Guerre se situe à Verdun, où il remplit sa fonction, souvent sur les premières lignes, du 26 février 1916 au 10 janvier 1917. C'est donc un témoignage sur toute la durée de la célèbre bataille qu'il livre dans "Dix Mois à Verdun". L'homme a suffisamment cotoyé les poilus et partagé leur vie misérable, leurs souffrances et été si souvent auprès d'eux à leur trépas pour exprimer une compassion authentique à chaque page. Beaucoup de patriotisme aussi, parfois étonnant, mais souvent présent chez les hommes d'Eglise enrôlés.
Combats d'Orient (Capitaine Canudo - Ed. 1917)
Italien des Pouilles, engagé en 1914 à 35 ans comme officier dans la célèbre Légion Garibaldienne (le 4e régiment de marche de la Légion Etrangère), Ricciotto Canudo participe aux 20 terribles jours de combats des Garibaldiens en Argonne. A sa demande, il ne rejoint pas ensuite comme ses compatriotes l'armée italienne entrée en guerre, mais le 1er Régiment de Marche d'Afrique (les zouaves) qui part pour les l'expédition des Dardannelles, puis Salonique, la Serbie et la Macédoine. Ce brave soldat finira la guerre sur ce même front d'Orient. C'est la période de 1915, de Gallipoli à la retraite de l'hiver 1915 en Serbie (dont le récit vaut, à lui seul, la lecture de l'ouvrage) qu'il raconte dans "Combats d'Orient", paru en 1917. Un second livre, "Mon Âme Pourpre", conte les combats d'Argonne en 1914 et le Vardar en 1917.
Le Monument (Claude Duneton - Ed. 2003)
Claude Duneton, écrivain Corrézien reconnu pour plusieurs de ses livres, était impressionné par la révolte de son père, survivant de Verdun, lors les cérémonies officielles devant le monument aux morts du petit village de Lagleygeolle. C'est ce souvenir, et celui des vielles dames en deuil éternel, qui l'a poussé à écrire cette histoire de son petit village pendant la guerre, "Le Monument", et faire revivre les 27 jeunes hommes dont les noms sont gravés à jamais sur la pierre, et dont le sacrifice est déjà oublié.
Lettres d'un Fils (Jean Pottecher - Ed. 2003)
Avoir 19 ans en 1915, fils de bonne famille (son père, Maurice Pottecher était un auteur dramatique connu), étudiant normalien, et s'engager comme volontaire brancardier. Vivre 24 mois d'enfer à Verdun, risquant sa vie pour aller sauver les soldats abandonnés dans le no man's land en refusant les avancements, et mourir un beau jour de juillet 1918 en accomplissant cette même noble tâche, voilà le destin de Jean Pottecher. C'est cette partie de sa courte vie qu'il raconte lui-même (malgré quelques retouches de style par son père, post-mortem ) dans ces "Lettres d'un Fils", qu'il adressa à sa famille jusqu'au dernier jour. Beau. Si le Paradis existe... nous savons où trouver Jean.
Sur les Pentes du Golgotha (Jean Julien Weber - Ed. 2001)
Bien avant de devenir Evêque de Strasbourg en 1945, puis archevêque, Jean-Julien Weber fut un jeune prêtre soldat, fils de militaire de carrière, officier au 21e R.I. Avec ce régiment, il vécut les combats d'Alsace, des Vosges, de la Marne, l'Artois, La Champagne, La Somme et encore la Marne. Blessé à plusieurs reprises, il finira le conflit au grade de Capitaine. Ses mémoires, "Sur les Pentes du Golgotha", dont le titre lui fut semble-t-il inspiré par la sanglante colline de Notre-Dame de Lorette, laissent transparaître l'homme, alliant sens du devoir militaire, patriotisme, spiritualité, humanité et érudiction. Ce livre vaut donc autant par la valeur historique de son témoignage que par ses réflexions.
Méditations dans la Tranchée (Antoine Redier - Ed. 1916)
Sous-officier, puis sous-lieutenant au 338e R.I., Antoine Redier, jeune avocat, fut engagé sur l'Avre, avant d'être versé en 1916 à l'état-major. De son expérience en unité combattante, il tirera des pensées sur divers thèmes, depuis le devoir jusqu'à la patrie, en passant par l'ennemi, la gloire, l'honneur, les frères d'armes, etc... Celles-ci sont compilées dans cet ouvrage, "Méditations dans la Tranchée", qui parut en février 1916 et fut salué par le monde intellectuel, comme le premier livre de combattant philosophe de ce conflit. Il ne faut donc pas lire l'oeuvre de Redier pour y chercher des récits de combat, mais plutôt 'en seconde ligne', pour enrichir l'interprétation d'autres lectures plus directes.
1915 sur les Hauts de Meuse, en Champagne (Jean Berthaud - Ed. 1990)
Jean Berthaud, classe 14, est sergent au 147e R.I. lorsqu'il est engagé pour la première fois en juin 1915 aux Eparges, haut lieu de l'horreur , de la boue et de la guerre des mines sous Verdun, avant de participer à l'offensive de septembre 1915 en Champagne sur la Butte de Tahure. Si sa guerre continuera encore de longues années, ses mémoires, "1915 sur les Hauts de Meuse, en Champagne", s'achèvent en fin 1915, sur le douloureux constat de la disparition de tous ses amis, dispersés sur les champs de bataille ("Le cimetière des Eparges... c'est toute la crête !). Jean Norton Cru aurait apprécié ce témoignage, tout en souffrance.
L'Angoisse de Verdun (Pierre-Alexis Muenier - Ed. 1991)
Témoignage assez inhabituel, et pourtant précieux : "L'Angoisse de Verdun" est un extrait des notes de guerre de Pierre-Alexis Muenier, qui fut conducteur d'automobile, chargé de transporter les blessés depuis les postes de secours avancé vers l'arrière. Son récit se situe aux tous premiers instants de l'offensive allemande sur Verdun en février 1916, où son unité est appelée en catastrophe. Blessés choqués et hallucinés, situation militaire confuse, routes défoncées et automobiles mourantes torturant leur lamentable chargement, logistique déficiente, Verdun écrasé par les gros calibres, hopitaux débordés, le tableau est sombre, mais brossé avec beaucoup de maîtrise.
A Verdun avec la 67e D.R. (Paul Voivenel - Ed.1991)
Paul Voivenel est cité par Jean Norton-Cru pour 4 ouvrages plutôt techniques que ce médecin a rédigé sur ses observations de Guerre ("Le Courage", "La Psychologie du Soldat", "Le Cafard", "La Guerre des Gaz"). Ce n'est qu'à la fin des années 30 qu'il consentira à publier ses carnets personnels. "A Verdun avec la 67e D.R." en reprend les extraits qui concernent Verdun, de février à septembre 1916. Accompagnant le 211e R.I. dans son épreuve, il raconte ainsi les combats de la rive gauche au printemps 1916, puis plus tard de Thiaumont et Vaux-Chapitre à l'été, comme a pu les vivre un médecin d'ambulance divisionnaire, tout près de la première ligne et sous les bombardements.

Bientôt d'autres témoins et romanciers français :

'Secteurs d'Enfer' (par Clair)
'Aux Lueurs du Brasier 1917-1920' (par Christophe)
'La Cote 304' (par d'Arcangues)
'Au Pays des Fusées' (par Delomme)
'De la Marne au Rhin' (par Forain)
'La Nuit Casquée' (par Guillot)
'Là-Bas avec Ceux qui Souffrent' (par Hallé)
'De Secrètes Injustices' (par Hanotte)
'Lieutenant Morin' (par Morin)
'Journal d'un Simple Soldat' (par Riou)
'Sous la Pluie de Fer' (par Tardieu)
'Notes d'un Combattant de la Campagne 1914-1918' (par Tasnier)
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Pour suivre, des témoins et romanciers belges

Mes Cloîtres dans la Tempête (Martial Lekeux 1922 - Ed. 1922)
Encore un livre mystique... cette fois écrit par un artilleur belge, Martial Lekeux, du 3e RAC, devenu moine après guerre. Mystique seulement dans quelques passages, car entre ceux-ci ce sont 4 années de guerre, de Liège en 1914 aux tranchées de l'Yser en passant par Anvers qui sont déroulées avec réalisme dans ce "Mes Cloîtres dans la Tempête" (1922).
Invasion 14 (Maxence VanderMeersch 1947 - Ed. 1947)
Une grosse brique que ce "Invasion 14" (1947)... roman plutôt long relatant les débuts de la guerre en Belgique. Maxence Vandermeersch est un auteur Flamand classique, sa description des privations des zones occupées, que l'on s'accorde souvent à trouver plus difficiles que celles de 1940-1945 est particulièrement intéressante
La Boue des Flandres (Dr Max Deauville 1922 - Edition 1930)
Le sévère Norton Cru classe le Docteur belge Max Deauville du 1er carabiniers puis 1er grenadiers comme l'un des tous meilleurs témoins médecins de la Grande Guerre. Dans un style empreint d'humanité, ses deux ouvrages regroupant ses souvenirs de guerre, intitulés "Jusqu'à l'Yser" (1917) et "La Boue des Flandres" (1922) racontent la Guerre des de l'Armée belge sur la petite portion de front des Flandres.
Face à l'Invasion (Laurent Lombard - Edition 1939)
Laurent Lombard est un auteur belge assez prolifique. Il écrivit une dizaine d'ouvrages dans les années 30, relatant principalement la guerre en août 14 autour de Liège en Belgique. Parmi les titres célèbres : "L'Epopée de Loncin", "Sous les Ouragans d'Acier", "Ludendorf à Liège", etc... C'est bien un peu 'belgo-triomphant', mais cela présente surtout l'intérêt d'explorer assez en profondeur cette bataille qui ralentit dès le départ l'élan allemand.
Les Survivants du Boyau de la Mort (Marcel Bolle de Bal 1998)
En mai 1916, Paul Heuson, volontaire de guerre Wallon est grièvement blessé au Boyau de la Mort près de Dixmude. Depuis son lit d'hopital, il échange de nombreuses lettres avec son ami Jean Bolle, qui combattra dans ce secteur jusqu'en 1918. Cette correspondance forme le corps du livre de Marcel Bolle de Bal, "Les Survivants du Boyau de la Mort". Emouvante amitié, témoignages rares d'une époque terrible où le territoire belge ne faisait plus que quelques dizaines de kilomètres carrés battus par les obus...
Carnets de Campagne (Arthur L. Pasquier 1938)
Publiés 20 ans après la guerre, ces "Carnets de Campagne 1914-1918" n'en sont pas moins sont singuliers : ayant brillament réussi ses examens d'ingénieur, Arthur L. Pasquier se fait offrir une moto par ses parents en juillet 1914. C'est avec elle qu'il rejoint le 8ème Régiment de Ligne à la mobilisation, et devient agent de liaison. Coinçé dans Bruxelles conquis par les allemands, il rejoint son régiment à Gand... en tram ! Anvers, Dixmude, l'Yser, le nord de la France ... et les motos seront son monde pour 4 années, couronnées par le retour en vainqueur à Bruxelles puis en occuppant en Allemagne.

Bientôt d'autres témoins belges :

'Les Ceinturonnés de la 88e' (par André Hoornaert)
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Des témoignages allemands

Guerre (Ludwig Renn 1928 - Ed. 1929)
Voilà un des livres allemands que j'ai préféré. "Guerre" (1928), de Ludwig Renn commence pourtant sur un ton dérangeant. Comme chez Ernst Jünger, les combats sont d'abord décrits comme épiques et héroïques. Les troupes allemandes traversent une Belgique qui mérite les représailles contre une population hostile et traîtresse, et l'ambiance de 'belle guerre juste' continue en France. Mais insensiblement, au cours des pages, le héros sent ses certitudes vaciller, et petit à petit c'est l'horreur, la peur, l'angoisse et le doute qui prédominent.
Quatre de l'Infanterie - Front de l'Ouest 1918 (Ernst Johannsen 1928 - Ed. 1929)
Le front de l'ouest, en 1918, c'est pour l'armée allemande épuisée, l'offensive de la dernière chance, qui semble bien réussir, puis l'effondrement généralisé, le découragement, la déroute. Sans vouloir exposer d'autres idées que la simple relation de ces faits et de cet état d'esprit parmi un goupe de quatre fantassins, Ernst Johannsen réalise avec "Quatre de l'Infanterie" (1928) un roman noir et presqu'aussi désespéré que "A l'Ouest Rien de Nouveau".
Verdun (Fritz Von Unruh 1923 - Ed. 1923)
Officier de Cavalerie, Fritz von Unruh réalise avec son "Verdun" un roman pacifiste, décrivant du côté allemand la dureté des combats dans ce secteur. Un peu trop romancé, quitte à déformer la vérité. Norton Cru déclare même que l'on ne reconnaît pas le champ de bataille de Verdun sous ce grimage... Dommage !
Hommes en Guerre (Andreas Latzko 1920 - Ed. 1994)
Officier dans l'armée Austro-hongroise, Andreas Latzko fut blessé en 1915 sur le front italien. Sa description des horreurs de la guerre, rédigée dans "Hommes en Guerre" en 1920, ne plut pas au pouvoir nazi qui fit brûler ses livres et provoqua l'exil de l'auteur aux Pays-Bas. A lire comme unique témoignage d'un ancien de l'empire de Vienne.
Cahiers d'un Survivant (Dominique Richert - Ed. 1989)
Agriculteur alsacien, c'est sous l'uniforme 'feldgrau' et le casque à pointe que Dominique Richert est appelé sous les drapeaux dès 1913. Il vivra 4 années de front qui le mèneront en Flandre, en France, en Pologne, en Roumanie et en Russie. Il désertera en 1918. Ses mémoires, "Cahiers d'un Survivant" ne furent éditées qu'en 1987 suite à la découverte de ses 300 pages de carnet de notes dans les archives fédérales. Richert y décrit son expérience avec un grand souci de précision, dans un esprit "pacifiste, mais sans révolte". Probablement un des témoignages les plus fidèles du côté allemand disponible en français.
En Position à Vauquois - Journal de Guerre du Pionnier Hermann Hoppe  (Adolf Buchner - Ed. 1991)
Il est toujours fascinant de lire le récit d'une même bataille par des protagonistes des deux camps. Ce livre de Adolf Buchner, qui reprend dans "En position à Vauquois" les notes du pionnier Hermann Hoppe, doit être lu en parallèle avec "Nous autres à Vauquois" de André Pézard. C'est ici le point de vue de ceux qui firent de la butte de Vauquois une souricière, et qui luttèrent parfois sous terre. Ouvrage agrémenté de nombreuses photos et plans, et complété par des notices historiques fort intéressantes.
Verdun (Edgar Maas - Ed. 1942)
Voici un autre roman allemand d'après-guerre, très certainement directement inspiré des souvenirs de son auteur Edgar Maas. Si les descriptions des paysages de guerre sont plutôt bonnes, la lecture de "Verdun" (1942) est toutefois un peu décevante. Encore une histoire de camarades en guerre, que la vie virile, les dangers et l'inconfort soudent, et qui souffrent chaque fois que l'un d'eux est blessé ou tué. Ce serait un bon thême si il permettait de faire passer une opinion de révolte, ou pourquoi pas de militarisme. Ce ne m'a semblé le cas. Dommage !
Combattants Allemands à Verdun (Werner Beumelburg - Ed. 1934)
Nous retrouverons Werner Beumelburg dans la section "Livres d'Histoire", où il tient une place d'historien Allemand de la Grande Guerre, mais il ne faut pas négliger la valeur de cet auteur en tant que témoin. C'est sur base de sa propre expérience de soldat devant le fort de Douaumont (surnommé par les Allemands 'Le Couvercle de Cercueil') en 1916 que Beumelburg a écrit ce roman sombre et sanglant, "Combattants Allemands à Verdun". C'est un beau livre, sans haine pour l'ennemi, témoignant comme la plupart des livres allemands de la camaraderie sur fond de boucherie.

Bientôt d'autres témoins allemands :

'Holocaust' (par William Hermanns)
'Le Monde d'Hier' (par Stephan Zweig)
'Education Héroïque devant Verdun' (par Arnold Zweig)
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Et quelques anglais ou américains

Mort d'un Héros - Death of a Hero (R. Aldington - Ed. 1931)
Poète et écrivain, Richard Aldington avait 26 ans et laissait un métier d'éditeur du magazine "The Egoist" (périodique de l'école des poètes Imagistes) lorsqu'il s'engagea en fin 1916. L'expérience de la guerre le traumatisa et il résolut de la décrire une nouvelle fortement autobiographique, "Death of a Hero" ("Mort d'un Héros") (1929). Le tome II est consacré au départ du "héros" pour le front français (vraisemblablement l'Artois en fin 1916). Les hommes traités comme un troupeau par des sous-officiers vociférants et des officiers hautains, l'existence morne et dégradante, avec de subites bouffées de violence. C'est un réquisitoire amer, révolté, proche d'un Barbusse.
Le Grand Voyage - Journey's End (RC Sherriff - Ed. 1930)
A l'issue de la guerre, RC Sherriff ne reprit pas à Oxford les études, qu'il avait interrompues pour le conflit. Il écrivit une pièce de théatre, "Journey's End" ("Le Grand Voyage") (1930) qui évoquait assez fidèlement sa propre expérience. Histoire simple se déroulant dans le décor unique d'un abri pour officiers anglais sur le front de Saint Quentin en mars 1918, elle vaut surtout pour l'étude psychologique de ses personnages, et la description du style de vie des officiers. Malgré de grandes difficultés initiales à trouver un éditeur, la pièce finit par être un énorme succès mondial, et son auteur devint une célébrité.
Les Sentiers de la Gloire (Humphrey Cobb 1958- Ed. 1958)
Stanley Kubrick fit de ce roman de Humphrey Cobb un film portant le même nom "Les Sentiers de la Gloire" (1958 pour le livre), avec Kirk Douglas dans le rôle principal. C'est aux injustices des conseils de guerre qui ont mené beaucoup de soldats au poteau d'exécution que cette oeuvre s'attache. L'action se situe dans l'Armée Française en 1917, et montre un officier qui se bat contre un haut commandement déshumanisé pour sauver trois de ses hommes. Le film provoqua de nombreux incidents en France. Il est vrai que l'honneur des états majors des vainqueurs en prend un coup...
Nous Etions des Hommes (Frederic Manning 1929- Ed. 2004)
Lawrence d'Arabie, William Boyd et Ernest Hemingway saluèrent la sortie de "Nous Etions des Hommes" comme l'un des ouvrages anglophones décrivant le plus fidèlement le conflit. Il est vrai que Frederic Manning, qui fut soldat de 2ème classe dans l'Armée de sa Majesté, relate sans aucune fioriture la vie et la mort d'un soldat anglais. Parfois cru (le titre en anglais, 'Her Privates We' veut aussi bien dire 'Les soldats de Sa Majesté' que 'Ses parties intimes'), souvent désepérément las avec des bouffées subites de violence, tout juste comme la vie dans les tranchées !
Death's Men : Soldiers of the Great War (Denis Winter 1978- Ed. 1979)
Denis Winter a récolté, dans une très riche bibliographie principalement anglaise, des témoignages de soldats de 1914-1918. Il en émaille son "Death's Men : Soldiers of the Great War" ("Les Hommes de la Mort : Soldats de la Grande Guerre") qui décrit la vie et la mort des biffins de sa majesté, de l'enrôlement à la fin de la guerre, en passant par l'entraînement, les tranchées, les combats, le repos, les pertes, etc... Une bonne manière de découvrir des auteurs peu connus dans le monde francophone.

Bientôt d'autres témoins anglais :

With a Machine Gun to Cambrai (par George Coppard)
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