LE POINT DE VUE DES 'VEDETTES'

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La plupart des personnalités de premier plan qui ont vécu ce conflit ont compilé leurs souvenirs et les ont édités. Leur vision des évênements complète souvent bien celle des poilus, puisqu'ils s'agit de ceux qui élaboraient les stratégies et politiques, et décidaient souvent ainsi de la vie et de la mort de milliers d'individus. Vu de la tranchée, ces 'vedettes' sont donc souvent jugées coupables d'avoir causé le malheur des soldats. Mais si vous aviez eu leur niveau de responsabilité, et pris dans l'écheveau infernal d'août 14, auriez-vous agi différemment ? A vous de juger !

J'ai également inséré dans cette page les souvenirs de quelques acteurs mineurs de 14/18, mais qui allaient jouer un rôle important ensuite. Chacun sait que 40/45 trouve ses racines dans le premier conflit mondial... C'est donc sans aucune sympathie, mais par souci d'exhaustivité que vous retrouverez les souvenirs de Guerre de l'infâme Adolf Hitler.


Dans le camp des Alliés
Dans le camp des puissances centrales

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Dans le camp des Alliés

La parole est d'abord aux vainqueurs. Personnages souvent controversés, ces chefs ont au moins pour eux d'avoir manoeuvré vers la victoire. Mais à quel prix...

La Russie des Tsars Pendant la Grande Guerre - T1  (M. Paléologue - Ed.1921)
Maurice Paléologue fut Ambassadeur de France auprès du Tsar de Russie de juillet 1914 à mai 1917. Témoin privilégié de l'embrasement général de 1914, observateur de la guerre sur le front de l'Est et de la décrépitude du régime des Tsars vivant ses derniers moments, commentateur attentif des évênements du front de l'ouest, ce témoignage est d'une importance capitale pour les férus d'Histoire. Et comme la plume est talentueuse, c'est avec une certaine passion que l'on suit ces souvenirs dans les 3 tomes de "La Russie des Tsars Pendant la Grande Guerre" (1921).
Au Service de la France T1 (R. Poincaré 1929 - Ed. 1929)
Rédigées entre 1929 et 1933, les mémoires en 12 tomes du Président de Guerre Français Raymond Poincaré, originaire d'un petit village de Lorraine, sont riches d'enseignements. Ministre des affaires étrangères jusqu'en 1913, il assuma la responsabilité de Président de la République de 1913 à 1920. Dans "Au Service de la France", on découvre non seulement les discussions et décisions qui ont fait l'Histoire, mais aussi un homme angoissé, beaucoup plus inquiet de la saignée imposée à son peuple qu'il n'y paraissait peut-être durant le conflit.
Pour la Patrie - Discours de G Clémenceau à la Chambre des Députés et au Sénat (G. Clémenceau - Ed.1921)
Né en 1841, Georges Clémenceau avait donc 76 ans lorsqu'il devint en 1917 Président du Conseil. Figure emblématique de la gauche radicale française, son énergie et sa détermination farouche ("Je fais la Guerre") lui valurent le surnom de "Tigre". Il fut l'un des acteurs qui permirent à la France de passer de l'échec du Chemin des Dames en 1917 à la victoire en 1918. Sa popularité était alors à son faîte. Certains pensent toutefois que son obstination fit du traité de Versailles le 'cul de sac' qui prépara l'avênenment de Hitler. Homme très éloquent, il publia plusieurs livres de souvenirs ou de discours, dont "Pour la Patrie" (1934) et "Grandeurs et Misères d'une Victoire" (1930).
Les Carnets de Galliéni  (G. Galliéni - Ed. 1932)
A 65 ans, Joseph Gallieni avait sa carrière militaire derrière lui lorsqu'il fut nommé Gouverneur Militaire de Paris en 1914 au moment où beaucoup pensaient que les allemands entreraient dans Paris. Son intuition participa grandement à la Victoire de la Marne. Très populaire, il fut nommé Ministre de la Guerre, mais mourut en 1916 de maladie. Le Maréchal Joffre, commandant des Armées françaises ne le regretta pas, Galliéni critiquant de plus en plus ouvertement sa coûteuse conduite de la Guerre. Ses Carnets furent publiés par son fils en 1932.
Mémoires du Maréchal Joffre (Joffre - Ed.1928)
Personnage souvent controversé, il faut pourtant reconnaître que c'est grâce au sang-froid du Maréchal Joffre, Commandant en Chef des Armées françaises de 1914 à 1916, que furent arrêtées les troupes du Kaiser à 60 km de Paris en septembre 1914 pendant la bataille de la Marne. Cette confiance imperturbable fut moins efficace par la suite et mena aux vaines offensives de 1915, parfaitements illustrées par sa fameuse phrase "Je les grignote...", si scandaleuse aux yeux des poilus. Il fut remplacé par Nivelle en fin 1916. Il publia ses "Mémoires" en 1928.
Mémoires pour Servir à l'Histoire de la Guerre 1914-1918 T1 (F. Foch - Ed. 1931)
C'est couronné de lauriers que le Maréchal Foch termina la Guerre en 1918 comme commandant en Chef des Armées Alliées. Avant d'obtenir ce titre, il fut dès 1914 le principal artisan opérationnel de la victoire de la Marne, puis Général victorieux dans les Flandres (1914) et sur le front français de la Somme (1916). Ses "Mémoires pour Servir l'Histoire de la Guerre" (1929) en deux tomes sont indubitablement celles d'un vainqueur sûr de lui.
La Bataille de Verdun  (P. Pétain - Ed.1929)
En une seule vie, Philippe Pétain réussit à être successivement le héros d'une nation, puis le symbôle abhorré de la collaboration de 1940 à 1944. Pour la période qui nous intéresse, pas de doute : après avoir remporté des succès en Artois en 1915, le Général Pétain fut mis à la retraite. Rappelé au moment le plus désespéré de la bataille de Verdun pour en diriger les opérations (sujet de ses souvenirs "La Bataille de Verdun" - 1929), il rétablit le front et sauva la ville. Trop défensif au goût de Joffre, il fut écarté au profit de Nivelle... qu'il remplaça comme commandant en chef des armées françaises en 1917 après l'échec du chemin des dames. Il réussit à restaurer le moral de l'armée en pleine crise des mutineries.
Carnets de Patrouille (A. Maginot 1915 - réédition 1999)
Avant d'être à deux reprises ministre de la guerre du gouvernement français dans les années 20, et de donner son nom à la formidable ligne de fortifications qui faisait face à la frontière allemande et fut tournée par les arméees du IIIème Reich en 1940, André Maginot fut mobilisé comme sous-officier d'infanterie en août 1914. Blessé dès la fin de 1914 lors d'une patrouille à Verdun (un imposant monument situé près de la chapelle Sainte Fine y commémore l'évênement), il fut réformé. Ses "Carnets de Patrouille", rédigés en 1915, relatent cette période. A noter qu'il a également publié un guide : "La Bataille de Verdun Expliquée sur le Terrain".
Les Carnets de Guerre de Albert Ier, Roi des Belges  (Général Van Overstraeten - Ed.1953)
Surnommé "Le Roi Chevalier", Albert Ier, Roi des belges, est l'une des figures les plus charismatiques de la première guerre mondiale. Lorsque, conformément au plan Schlieffen qui prévoyait le passage des troupes allemandes au travers de la Belgique neutre pour tourner l'armée française, l'allemagne exigea de pouvoir pénétrer sur son territoire, le roi décida de s'y opposer avec sa petite armée. Retranché dans les Flandres il resta à la tête de ses troupes, et entra en libérateur à Bruxelles en 1918. Ses "Carnets de Guerre" (1953) qui furent publiés bien plus tard confirment la grande droiture et le souci d'humanité du personnage.
Les Carnets Secrets du Maréchal Sir Douglas Haig 1914-1919 (R. Blake - Ed. 1964)
A la mort de Lord Plummer en 1915, Sir Douglas Haig devint le commandant en chef des forces anglaises sur le front de France et de Belgique. Il le restera jusqu'en 1918. Habité d'une volonté de fer, il dirigea d'une main de fer ses troupes contre vents et marées vers la victoire finale. Ses détracteurs sont nombreux, qui mettent en avant son manque d'humanité et d'auto-critique, son mépris des autres alliés, et son peu de considération des pertes en hommes. Ses "Carnets Secrets" (1964) ont tendance à confirmer aussi bien ces défauts que sa volonté de vaincre.

Bientôt d'autres vedettes du côté des alliés :

Charles de Gaulle
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Dans le camp des puissances centrales

Place maintenant aux personnalités qui ont dirigé le camp des vaincus, ou qui y prendront par la suite des responsabilités. Dans leur cas, la rédaction de souvenirs est un exercice plus ardu, puisqu'ils ne peuvent jamais faire pardonner des décisions difficiles par l'obtention de la victoire finale. Vae Victis ...

Mémoires de Guillaume II (Guillaume II - Ed.1922)
Parti en exil sur une petite île hollandaise en 1918 après avoir abdiqué, l'Empereur Guillaume II y rédigea ses mémoires. De tendance autocrate et séduit tardivement mais sûrement par le clan pangermaniste, il mena l'Allemagne à la Guerre de 1914 en menant une politique internationale calamiteuse. Mauvaises alliances, attitudes aggressives, ambitions nationales, il est, même s'il s'en défend dans ses "Mémoires", un des fauteurs de Guerre. Celles-ci sont surtout intéressantes par la place qu'elles réservent aux années d'avant guerre.
Mémoires du Kronprinz (F. von Hohenzollern  - Ed. 1922)
Fils ainé de l'Empereur Guillaume II, Friedrich-Wilhelm-Victor-August-Ernst von Hohenzollern avait 32 ans lorsque la guerre éclata. Abondemment raillé et caricaturé par la presse alliée, s'il est vrai que les frasques de son train de vie pouvaient choquer les combattants, il n'en reste pas moins qu'il fut finalement un bon militaire. Il commanda entre autres les armées allemandes devant Verdun en 1916. L'Histoire - et ses "Mémoires du Kronprinz" - montrent même un esprit cultivé, et bien moins d'enthousiasme à la guerre que son père, qu'il suivra dans son exil hollandais en 1918.
Souvenirs de Guerre T1  (E. Ludendorff - Ed.1921)
Le binôme Hindenburg/Ludendorff s'étant avéré plutôt efficace sur le front de l'Est en 1914 et 1915, fut chargé dès 1916 du commandement suprême de toutes les forces armées allemandes. Le témoignage du Général Ludendorff , transcrit dans les deux tomes de "Souvenirs de Guerre" (1920), est dès lors très intéressant. Après la guerre, Ludendorff sympathisa avec les national-socialistes, et tenta avec Adolf Hitler le Putsch manqué de Munich en 1923. Il écrivit en 1930 un autre livre plutôt bizarre, nommé "1932 La Guerre", dans lequel l'Allemagne combat aux côtés de l'Angleterre les agresseurs francs maçons et catholiques regroupés autour de la France, l'Italie et la Pologne...
Au Service de la France T1 (R. Poincaré 1929 - Ed. 1929)
C'est avec un certain enthousiasme qu'Erwin Rommel, jeune officier de métier dans l'infanterie wurtembourgeoise partit pour la guerre en 1914. Il devait s'y illustrer, participant aux combats d'Argonne, d'Alsace, de Roumanie et d'Italie. Ses mémoires parues en 1937, intitulées "L'Infanterie Attaque", sont très précises et détaillées, même si les commentaires élogieux pour le fantassin allemand en comparaison de son équivalent français peuvent parfois lasser . Le futur "Renard du Désert" fut d'ailleurs remarqué par Adolf Hitleren 1938 seulement , à la lecture de cet ouvrage. Ce sont donc ces lignes qui donnèrent au futur Maréchal du Reich le commandement d'une unité blindée qui, en 1940, perça dans les Ardennes...
La Russie des Tsars Pendant la Grande Guerre - T1  (M. Paléologue - Ed.1921)
Simple Caporal dans l'armée allemande sur le front de l'Ouest pendant la première guerre, il serait faux de dire qu' Adolf Hitler fut une 'vedette' de ce conflit. Décoré de la croix de fer, il était en convalescence pour intoxication par les gaz lorsque l'armistice fut annoncé. "Mein Kampf", oeuvre brouillonne dégoulinante de haine prémonitoire écrite en prison vers 1924, est très peu bavarde sur l'expérience de guerre du futur et maléfique "Führer", mais il y paraît clairement qu'une partie de cet épouvantable personnage fut forgée dans l'horreur de 1914-1918, et qu'il profita du sentiment de révolte causé en Allemagne par le traité de Versailles pour toucher l'opinion.
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